Au travers de la simple statistique ou par les algorithmes d’intelligence artificielle, le Big Data permet de modéliser le monde qui nous entoure. S’il y a un domaine dans lequel l’exploration de données semble insoupçonnée, c’est bien celui de la politique.
Sous des aspects parfois positifs, parfois négatifs, nous allons voir ensemble quelques exemples d’utilisation de la data à des fins politiques. Puis nous imaginerons ensemble l’intelligence artificielle qui pourrait révolutionner le processus démocratique.
La campagne d’Emmanuel Macron
Nous sommes en août 2016 et Emmanuel Macron, alors ministre de l’Économie, quitte le gouvernement et profite de ce temps de répit pour commencer la construction de son programme présidentiel. Il lance alors La Grande Marche, une grande campagne de porte-à-porte pour rencontrer les Français et comprendre leurs besoins. Mais les militants ne vont en réalité pas n’importe où.
Les lieux ont été finement choisis par la start-up LMP (eXplain.fr) en utilisant en grande partie les données de l’INSEE. Après traitement, l’entreprise a pu définir le plus précisément possible les foyers susceptibles de voter pour Emmanuel Macron.
Les Verbatim récoltés depuis tous les foyers visités sont ensuite envoyés à Proxem. Cette seconde entreprise, spécialisée dans le big data, analyse alors ces données qui serviront par la suite de base à la rédaction du programme du candidat.
L’optimisation du porte-à-porte par le big data n’est pas nouveau puisque le candidat François Hollande avait d’ores et déjà utilisé en 2012 cette technique pour convaincre un sur cinq des militants Front National de voter pour lui. (et ce fut un succès).
L’affaire Cambridge Analytica
On peut considérer comme éthique l’utilisation de données publiques à des fins d’optimisation d’une campagne électorale. Néanmoins, il n’en est pas de même partout, c’est le cas de la campagne de Donald Trump.
En effet l’affaire Cambridge Analytica a fait grand bruit dans la presse, mais peu de gens ont compris ce qui se cachait derrière ce scandale. Ici, la stratégie est complètement différente, Cambridge Analytica a délibérément utilisé des données extrêmement personnelles issues notamment des réseaux sociaux afin de créer des campagnes de communication sur mesure dans l’objectif de faire gagner leur client, Donald Trump, à l’élection présidentielle américaine.
Au-delà de l’utilisation des données personnelles, le réel problème est le détournement des supports de publicité à des fins politiques. Car effectivement, avec une analyse très pointue des données, il est possible de concevoir une réalité alternative pour les utilisateurs des réseaux sociaux. Un exemple ? Des personnes indécises peuvent être influencées par une masse de communication anti immigration défilant sur leur fil d’actualité de leur réseau préféré. C’est de cette manière que Cambridge Analytica a pu faire basculer la balance en faveur de Donald Trump.
Par sa complexité, je ne pourrai pas traiter l’intégralité de cette affaire ici, néanmoins je vous invite à découvrir, si ce n’est déjà fait, l’excellent documentaire disponible sur Netflix traitant du sujet : The Great Hack
Un robot pour gouvernement ?
Désormais projetons-nous dans un futur éloigné : pourquoi élire des dirigeants lorsque nous pourrions avoir une intelligence artificielle ?
Oui, cela peut paraître complètement dingue, mais imaginer une seule seconde qu’en possédant suffisamment de données sur les situations de l’ensemble des citoyens d’un pays, une intelligence artificielle serait en mesure de diriger le pays, d’émettre des lois, afin de satisfaire l’ensemble de la population.
Doit-on considérer cela comme utopique ou dystopique ? Un État dirigé par un robot est-il une démocratie ? Nous pourrions imaginer que chaque citoyen peut, au travers d’un boîtier électronique, donner son avis sur la gestion du pays de manière à renvoyer un feed-back au robot afin que celui-ci s’améliore de jour en jour.
En Conclusion
La donnée est comme un couteau, il peut être très aiguisé ou de mauvaise qualité, et peut servir à faire la cuisine comme à tuer une personne. L’alliance du big data avec la politique pose beaucoup de questions. L’affaire Cambridge Analytica a permis de révéler au grand public un certain nombre de problématiques. Le RGPD en Europe permet d’en résoudre une partie. Néanmoins il me semble important que la population continue de prendre conscience de ces sujets-là.
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